Journal d'un dresseur l Dossier du cavalier Jacquaire


CHOIX DU CHEVAL


Le choix du cheval est très important.
Tous les cavaliers veulent partir avec leur propre monture et c'est bien légitime, mais le futur cheval pèlerin doit avoir certaines qualités requises pour le voyage:

- le choix d'une race rustique : type Camargue, barbe, Anglo Arabe,Polonais...

- le caractère plutôt sans peur et passe partout : l'habituer avant de partir à traverser des cours d'eaux, des voies ferrées, des ponts, des passerelles, des tunnels, des plaques d'égouts, des routes, des passages délicats, des villes, des moutons, des vaches, des fontaines...

- la capacité physique : le cheval doit avoir entre 6 et 15 ans, une petite expèrience de la grande randonnée soit 7 jours ou mieux 15 jours avec des étapes de 30 à 50 kms par ordre croissant, il doit être exempt de toutes maladies respiratoires et boiteries.


Les conseils du Doc

La “visite véto” Entretien avec le Dr Lamolle, par Alain Willemart 
Propriétaires, attention : même si vous n’en êtes pas à votre premier achat en matière de chevaux, ce qui suit peut quand même vous intéresser !
Nombreux sont les cavaliers ou meneurs qui, forts de leur première expérience, se croient "blindés" et parfaitement capables de choisir seuls leur nouveau cheval. Or, un cheval n’est pas l’autre, un vendeur non plus.
Quant à l’acheteur, son état d’esprit est sujet à d’infinies variations, évoluant entre la curiosité circonspecte et le coup de foudre irraisonné...
Mieux vaut voiler son orgueil d’un brin d’humilité en prévoyant une "visite véto" avant de prendre une décision. Nous insistons pour que cette visite ait lieu avant la décision. Bien que logique, cette chronologie n’est pas évidente pour tout le monde...
 
Avant de choisir LE cheval, il convient de choisir d’abord le type de cheval (race, taille, etc.) qui vous convient. Le type de cheval est lui-même fonction du genre d’équitation (ou d’attelage) que vous comptez pratiquer.
Bref, il faut d’abord savoir ce que l’on veut avant d’acheter.
 
Il est plus aisé de se lancer dans la noble pratique du dressage avec un jeune demi-sang qu’avec un trait ardennais ou un cheval de 20 ans complètement "routiné", et qui, malgré son excellente condition, aura perdu toute malléabilité.
Inversement, le choix d’un pur-sang pour voyager en roulotte n’est pas judicieux non plus. Entre ces deux caricatures, que d’erreurs de jugement, dans un sens comme dans l’autre : certains chevaux sont écartés sans vraies raisons ; d’autres ne le sont pas alors qu’ils le devraient. Par exemple, un cas bien connu est celui des trotteurs réformés au sujet desquels il circule bon nombre d’idées reçues ! Les trotteurs sont des chevaux très polyvalents, qui ont été manipulés très jeunes et auxquels on a déjà appris un tas de chose, notamment à n’avoir peur de rien. Aujourd’hui, la crise des courses aidant, il y a même pléthore de jeunes trotteurs qui n’ont jamais couru, et que l’on peut acquérir pour pas cher. Cela dit, le cas des trotteurs est lié à l’actualité, et cette pléthore est très néfaste pour le marché équin : cela tue l’élevage. Et les éleveurs professionnels se font de plus en plus rares. N’en déplaise aux ennemis de la courses, la qualité de l’élevage en Belgique est étroitement liée à la santé des courses, car contrairement à la France, nous ne disposons pas d’institution publique pour le défendre. Il y a bien quelque chose qui se crée à Ghlin. Cependant, le Dr L. se demande si l’on ne ferait pas mieux de revaloriser d’abord les hippodromes existants... Mais revenons à nos moutons. Si vous savez que le cheval convoité a un lourd passé de course ou de concours hippique, la visite du vétérinaire vous permettra peut-être d’éviter le pire, ou au contraire, de conclure une excellente affaire !

Il se peut que l’acheteur n’ait pas d’idée très précise quant au type d’équitation qu’il désire pratiquer.
Dans ce cas, mieux vaut ne se pas se braquer sur un cheval trop typé (arabe, espagnol), mais plutôt s’orienter vers un cheval plus polyvalent (trotteur, demi-sang). Si malgré tout, le coeur l’emporte et que vous êtes séduit par l’allant et l’aura d’un andalou ou d’un pur-sang, assurez-vous d’abord de ce que vous êtes capable de le monter pour ce qu’il est.
Outre ce "détail", il y l’aspect budgétaire. Si le budget entretien varie très peu d’une race à l’autre, le budget achat, par contre, varie considérablement.
Comptez 30.000 BEF pour un Camargue non débourré mais n’espérez pas trouver un andalou valable pour moins de 300.000 BEF !
C’est souvent là que le rêve s’arrête... ou que le cauchemar commence, avec la spirale de l’endettement, etc.

L’examen

Outre l’examen de la santé du cheval, qu’il vaut mieux confier au vétérinaire, ce qu’il faut surtout observer chez le cheval, c’est son caractère. Si vous ne faites que de la randonnée, inutile de vous encombrer d’un "danseur" : c’est très gai et très valorisant durant le premier quart d’heure, mais à l’étape, vous déchanterez. Si vous vous lancez dans la course, il vous faut un crack, au mental de gagneur ; si vous faites de l’endurance, il vous faut un coureur de fond, bien "dans sa tête" et qui n’a peur de rien.

Morphologie : la conformation générale doit être minutieusement observée : le cheval a-t-il des aplombs corrects ? Ses membres sont-ils sains ? Son dos est-il suffisamment puissant pour porter le cavalier qui lui est destiné ? Ses pieds sont-ils résistants ? S’il est destiné à la vitesse, son épaule n’est-elle pas trop droite ? Sa croupe non plus ? Pour les novices, l’avis d’un spécialiste est souvent indispensable sur ces points.

Les marchands

Il existe d’excellents marchands de chevaux. Selon le Dr L., on les reconnaît tout simplement à leur honnêteté. Qu’est-ce que l’honnêteté ? C’est dire au client pourquoi le cheval proposé vaut 40.000 BEF et pas davantage. Car il ne faut pas se leurrer : sauf exception rare, un cheval que l’on vend 40.000 BEF vaut 40.00 BEF, avec tout ce que cela comporte de sous-entendus. Si le marchand est honnête, les sous-entendus sont dits à voix haute (tares, niveau de dressage, origine, etc.).

Si vous vous méfiez du vendeur ou si vous avez des doutes sur la qualité de ses produits, allez voir le cheval plusieurs fois, seul, et la dernière fois avec un vétérinaire. Cela vous permettra de voir le cheval à différents moments dans le cas où le vendeur aurait pu tenter de masquer temporairement une boiterie ou une autre tare.
 
Le marché actuel

Le marché du cheval (au sens large) a considérablement changé durant les 15 ou 20 dernières années. Anciennement, un cavalier moyen se contentait d’un cheval moyen. Aujourd’hui, la médiatisation croissante du cheval, alliée au grand décloisonnement des diverses disciplines, mettent l’amateur en contact avec de nombreux milieux. Conséquence : le cavalier moyen rêve d’un magnifique cheval de race, si possible pure et avec papiers, le tout pour une somme modique. Certains marchands véreux l’ont bien compris : ils profitent de l’ignorance des gens, et n’hésitent pas à proposer un cheval d’une race prétendue (en réalité un croisement douteux) pour une croûte de pain. Cela ne sert pas non plus l’élevage en Belgique, car il arrivera bien un jour où l’acheteur descendra de son nuage et sera objectivement déçu par son achat et par la race que le cheval est censé représenter ! Un comble, s’agissant d’un croisement ! Cela dit, il y a de nombreux marchands honnêtes...

Sur le plan légal, il est toujours intéressant de faire un contrat d’achat (voir article de Guy Weber à ce sujet paru dans HN. n°261 de mai ‘98), car la législation en la matière est extrêmement lacunaire, surtout depuis qu’en 1987, le nombre de vices rédhibitoires est tombé de 7 à 2 en Belgique (morve et boiterie chronique intermittente), le délai de constat étant de 9 jours. Curieusement, face au nombre croissant de litiges, le législateur a préféré se retrancher derrière un vide plutôt que derrière un texte précis... Sans doute était-il trop difficile pour la justice de trancher valablement dans chaque cas.

Voilà, en espérant avoir éclairé quelques lanternes, nous vous souhaitons un excellent achat !

Extrait du n°264 de la revue belge Hippo News de septembre 1998