Propriétaires,
attention : même si vous n’en êtes pas à votre
premier achat en matière de chevaux, ce qui suit peut quand
même vous intéresser !
Nombreux sont les cavaliers ou meneurs qui, forts de leur première
expérience, se croient "blindés" et parfaitement capables
de choisir seuls leur nouveau cheval. Or, un cheval n’est pas l’autre,
un vendeur non plus.
Quant à l’acheteur, son état d’esprit est sujet à
d’infinies variations, évoluant entre la curiosité
circonspecte et le coup de foudre irraisonné...
Mieux vaut voiler son orgueil d’un brin d’humilité en prévoyant
une "visite véto" avant de prendre une décision. Nous
insistons pour que cette visite ait lieu avant la décision.
Bien que logique, cette chronologie n’est pas évidente pour
tout le monde...
Avant de choisir LE cheval, il convient de choisir d’abord le
type de cheval (race, taille, etc.) qui vous convient. Le type de
cheval est lui-même fonction du genre d’équitation
(ou d’attelage) que vous comptez pratiquer.
Bref, il faut d’abord savoir ce que l’on veut avant d’acheter.
Il est plus aisé de se lancer dans la noble pratique du dressage
avec un jeune demi-sang qu’avec un trait ardennais ou un cheval
de 20 ans complètement "routiné", et qui, malgré
son excellente condition, aura perdu toute malléabilité.
Inversement, le choix d’un pur-sang pour voyager en roulotte n’est
pas judicieux non plus. Entre ces deux caricatures, que d’erreurs
de jugement, dans un sens comme dans l’autre : certains chevaux
sont écartés sans vraies raisons ; d’autres ne le
sont pas alors qu’ils le devraient. Par exemple, un cas bien connu
est celui des trotteurs réformés au sujet desquels
il circule bon nombre d’idées reçues ! Les trotteurs
sont des chevaux très polyvalents, qui ont été
manipulés très jeunes et auxquels on a déjà
appris un tas de chose, notamment à n’avoir peur de rien.
Aujourd’hui, la crise des courses aidant, il y a même pléthore
de jeunes trotteurs qui n’ont jamais couru, et que l’on peut acquérir
pour pas cher. Cela dit, le cas des trotteurs est lié à
l’actualité, et cette pléthore est très néfaste
pour le marché équin : cela tue l’élevage.
Et les éleveurs professionnels se font de plus en plus rares.
N’en déplaise aux ennemis de la courses, la qualité
de l’élevage en Belgique est étroitement liée
à la santé des courses, car contrairement à
la France, nous ne disposons pas d’institution publique pour le
défendre. Il y a bien quelque chose qui se crée à
Ghlin. Cependant, le Dr L. se demande si l’on ne ferait pas mieux
de revaloriser d’abord les hippodromes existants... Mais revenons
à nos moutons. Si vous savez que le cheval convoité
a un lourd passé de course ou de concours hippique, la visite
du vétérinaire vous permettra peut-être d’éviter
le pire, ou au contraire, de conclure une excellente affaire !
Il
se peut que l’acheteur n’ait pas d’idée très précise
quant au type d’équitation qu’il désire pratiquer.
Dans ce cas, mieux vaut ne se pas se braquer sur un cheval trop
typé (arabe, espagnol), mais plutôt s’orienter vers
un cheval plus polyvalent (trotteur, demi-sang). Si malgré
tout, le coeur l’emporte et que vous êtes séduit par
l’allant et l’aura d’un andalou ou d’un pur-sang, assurez-vous d’abord
de ce que vous êtes capable de le monter pour ce qu’il est.
Outre ce "détail", il y l’aspect budgétaire. Si le
budget entretien varie très peu d’une race à l’autre,
le budget achat, par contre, varie considérablement.
Comptez 30.000 BEF pour un Camargue non débourré mais
n’espérez pas trouver un andalou valable pour moins de 300.000
BEF !
C’est souvent là que le rêve s’arrête... ou que
le cauchemar commence, avec la spirale de l’endettement, etc.
L’examen
Outre
l’examen de la santé du cheval, qu’il vaut mieux confier
au vétérinaire, ce qu’il faut surtout observer chez
le cheval, c’est son caractère. Si vous ne faites que de
la randonnée, inutile de vous encombrer d’un "danseur" :
c’est très gai et très valorisant durant le premier
quart d’heure, mais à l’étape, vous déchanterez.
Si vous vous lancez dans la course, il vous faut un crack, au mental
de gagneur ; si vous faites de l’endurance, il vous faut un coureur
de fond, bien "dans sa tête" et qui n’a peur de rien.
Morphologie
: la conformation générale doit être minutieusement
observée : le cheval a-t-il des aplombs corrects ? Ses membres
sont-ils sains ? Son dos est-il suffisamment puissant pour porter
le cavalier qui lui est destiné ? Ses pieds sont-ils résistants
? S’il est destiné à la vitesse, son épaule
n’est-elle pas trop droite ? Sa croupe non plus ? Pour les novices,
l’avis d’un spécialiste est souvent indispensable sur ces
points.
Les
marchands
Il
existe d’excellents marchands de chevaux. Selon le Dr L., on les
reconnaît tout simplement à leur honnêteté.
Qu’est-ce que l’honnêteté ? C’est dire au client pourquoi
le cheval proposé vaut 40.000 BEF et pas davantage. Car il
ne faut pas se leurrer : sauf exception rare, un cheval que l’on
vend 40.000 BEF vaut 40.00 BEF, avec tout ce que cela comporte de
sous-entendus. Si le marchand est honnête, les sous-entendus
sont dits à voix haute (tares, niveau de dressage, origine,
etc.).
Si
vous vous méfiez du vendeur ou si vous avez des doutes sur
la qualité de ses produits, allez voir le cheval plusieurs
fois, seul, et la dernière fois avec un vétérinaire.
Cela vous permettra de voir le cheval à différents
moments dans le cas où le vendeur aurait pu tenter de masquer
temporairement une boiterie ou une autre tare.
Le marché actuel
Le
marché du cheval (au sens large) a considérablement
changé durant les 15 ou 20 dernières années.
Anciennement, un cavalier moyen se contentait d’un cheval moyen.
Aujourd’hui, la médiatisation croissante du cheval, alliée
au grand décloisonnement des diverses disciplines, mettent
l’amateur en contact avec de nombreux milieux. Conséquence
: le cavalier moyen rêve d’un magnifique cheval de race, si
possible pure et avec papiers, le tout pour une somme modique. Certains
marchands véreux l’ont bien compris : ils profitent de l’ignorance
des gens, et n’hésitent pas à proposer un cheval d’une
race prétendue (en réalité un croisement douteux)
pour une croûte de pain. Cela ne sert pas non plus l’élevage
en Belgique, car il arrivera bien un jour où l’acheteur descendra
de son nuage et sera objectivement déçu par son achat
et par la race que le cheval est censé représenter
! Un comble, s’agissant d’un croisement ! Cela dit, il y a de nombreux
marchands honnêtes...
Sur
le plan légal, il est toujours intéressant de faire
un contrat d’achat (voir article de Guy Weber à ce sujet
paru dans HN. n°261 de mai ‘98), car la législation en
la matière est extrêmement lacunaire, surtout depuis
qu’en 1987, le nombre de vices rédhibitoires est tombé
de 7 à 2 en Belgique (morve et boiterie chronique intermittente),
le délai de constat étant de 9 jours. Curieusement,
face au nombre croissant de litiges, le législateur a préféré
se retrancher derrière un vide plutôt que derrière
un texte précis... Sans doute était-il trop difficile
pour la justice de trancher valablement dans chaque cas.
Voilà,
en espérant avoir éclairé quelques lanternes,
nous vous souhaitons un excellent achat !
Extrait
du n°264 de la revue belge Hippo News de septembre 1998